Oh oui j’ai passé du bon temps
Dans ce pré si prés du bonheur
À ruminer cette herbe ten-
-dre en compagnie de mes consœurs
Cette herbe tendre où l’on se couche
Lorsqu’on n’a pas beaucoup d’entrain
Entre deux nuages de mouches
Je regardais passer le train
Je me souviens des jours heureux
Le soir on rentrait à l’étable
Le boss n’avait pas l’air nerveux
Ni l’oreille collée au portable
Ses douces mains venaient nous traire
On était à ses petits soins
Consentantes à s’laisser distraire
Au beau milieu des meules de foin
Et aujourd’hui je me retrouve
À vivre ainsi les yeux hagards
Une vie que je désapprouve
Dans une espèce de hangar
Que voulez vous donc que je fasse?
Fini les champs, plus de ballade
Il n’y a plus de train qui passe
Ça me rend triste j’en suis malade
Meuh qu’est-ce que j’ai fait
Pour être là dans cet état ?
Dans la cellule où je végète
On m’a même coupé les cornes
Pour que je puisse passer la tête
Et prendre ma dose de pop corn
Ça n’a pas d’goût ce que je mange
Entre ces barres métalliques
Ça me détraque ça me dérange
Et ça me rend épileptique
Meuh qu’est-ce que j’ai fait
Pour être là dans cet état ?
Chaque soir il y a un robot
Venu spécialement de chine
Qui met mon pis dans un tuyau
Relié à une machine
Toutes ces lumières tout ce boucan
Ça nous empêche de dormir
On voudrait bien lever le camp
Mais c’est ici qu’on va finir
Meuh qu’est-ce que j’ai fait
Pour être là dans cet état ?
Oh oui j’ai passé du bon temps
Dans ce grand prés à ruminer
Pour ce bon lait qu’on aimait tant
Mais qui est maint’nant contaminé
À force de me rendre folle
Je ne sais pas je ne sais plus
Ce n’est plus moi qui me contrôle
Mon cerveau nage dans de la glue
Je suis âgée et ravagée
Tant pis pour ceux qui mangeront
Ma chair devenue enragée
Moi qui ait rempli le biberon
De tous ces braves gens qui étaient
À la naissance plein d’ innocence
Quand on leur donnait la tétée
Quand on éveillait leur bon sens
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