LES RADINS

 

( Cédric Riche )

 
 
 
 

                                                                                                                                                                                                    
Les radins,
Ils n’ont jamais un sou
Du moins c’est-ce qu’ils disent
Et n’payent jamais leur coup

Les radins,
Ils ont toujours dessous
Leur sommier la hantise
De dépenser beaucoup

Les radins,
Ont le sourire dissous
Chaque fois qu’on leur précise
Que les choses ont un coût

Les radins,
Ils sont tout plein de sou-
-cis quand l’or sous la ch’mise
Ne leur gratte pas le cou

Quand ils n’parlent pas de thune
Ils vous parlent de flouze
Et ont toujours le blues
De n’jamais faire fortune
Ils ne sav’nt pas donner
Sans parler de valeur
Mais sont toujours à l’heure
Pour prendre la monnaie

Quand ils vont faire leurs courses
Faut toujours qu’ils marchandent
Car l’offre et la demande
Sont le nerf de leur bourse
Qui lorsqu’elle diminue
Leur cause des maux de tête
C’est alors qu’ils se jettent
Sur leur feuille de revenus

Quand ils vont au café
C’est pour lire le journal
Au comptoir ils s’installent
Et pour faire bon effet
Font mine de consommer
Non pas un jus de fruit
Mais parce que c’est gratuit
De l’eau du robinet

                                                                                                                                                                                                          
Les rats, les rats, les radins
Sont des drôles de scélérats,
D’incivils personnages
Les rats, les rats, les radins
Sont des  pingres sans embarras
D’imbéciles de bas étage
Une race d’économe
Que l’on nomme rapace
Qui amasse des sommes
Pour leur pomme et se cassent !

Quand ils vont au resto
C’est parce qu’on les invite
Sinon c’est un steak frite
Et s’en vont aussitôt
Lorsqu’arrive la note
Les chiottes étant la ruse
Sans cette noble excuse
Ils font dans leur culotte

Ou bien du bout des lèvres
Demandent combien ça coûte
En tombant les grosses gouttes
D’une poussée de fièvre
S’il faut laisser en plus
La pièce pour la serveuse
C’est dépression nerveuse
Voire risque d’infarctus !

Chez eux c’est pas rentable
De recevoir des hôtes
Ils préfèrent chez les potes
Aller se mettre à table
En venant les mains vides :
Sachant qu’il y a l’accueil
Sympa pour boire à l’œil
Et se remplir le bide

Ils repartent fins cuits
En ayant mis les restes
Vite fait dans leur veste
Jusqu’au moindre biscuit
Ainsi se félicitent
D’avoir dans leur tournée
Bien gagné la journée
Fiers de leur réussite

 

 

Ils se frottent les mains
De leur économies
Car ce travail de fourmi
Est exempt d’examen
Mais il faut être hardi
Pour être un bon radin
Pleurnicher qu’au jardin
Y’a jamais un radis!

Ils n’ont envers leurs proches
Pas le moindre scrupule
Et frisent le ridicule
Les oursins dans les poches
Et même s’ils aperçoivent
Qu’on les a démasqué
Jamais n’iront casquer
Un centième de c’qu’ils doivent

N’ayant hélas aucune
Estime pour les gens
Sinon pour leur argent
Le temps leur fait part d’une
Naturelle sélection
Et l’on compte parmi
Leurs peu nombreux amis
Beaucoup de défections

Ils passent tout leur temps
Leurs années à compter
En passant à côté
De détails importants
Et puis le jour arrive
Où l’on a fait le tour
De sa petite vie pour
Rejoindre l’autre rive…

Sans que personne ne sache
L’once d’un quelconque aveu
Ils emportent avec eux
Le secret de leur cache
Mais partir sans l’oseille
Doit toujours dans leur mort
Sous forme de remords
Perturber leur sommeil

 

 

     
   
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